Les auteurs de l’IPSP ont rédigé une note de synthèse sur les politiques publiques destinée aux participants de la réunion du G20 de juillet 2017. Vous pouvez lire l’extrait suivant ou cliquer sur ce lien pour télécharger le document préparé par Marc Fleurbaey (Comité directeur), Gianluca Grimalda (ch. 8), et Ingrid Woolard (ch.3), avec Romina Boarini et Orsetta Causa de l’OCDE.

 

Les recommandations clefs

1. Partager les avantages d’une prospérité accrue et d’une mondialisation de manière plus uniforme entre les groupes sociaux.

2. Concevoir des politiques tenant compte de la nature multidimensionnelle de la prospérité et de la façon dont les différents facteurs de bien-être doivent profiter à l’ensemble de la population.

3. S’assurer que tous les individus peuvent déployer leur potentiel. D’une part en investissant suffisamment dans l’éducation et la santé ; d’autre part en offrant des opportunités d’emplois adaptés à un monde de plus en plus mondialisé et numérisé.

4. Favoriser la participation de tous les citoyens aux décisions politiques et économiques, en particulier celle des catégories sociales moins engagées. Privilégier la transparence dans les processus décisionnels et en prévenir la confiscation par des groupes d’intérêt spécifiques.

5. Combattre la xénophobie en expliquant les avantages de l’immigration et en développant des politiques efficaces d’intégration. Instaurer progressivement une coopération internationale pour gérer les flux migratoires au niveau mondial.

6. Démontrer les bénéfices de la croissance inclusive par des résultats probants, mieux comprendre les facteurs améliorant le bien-être des populations vulnérables grâce à la croissance économique.

 

Les piliers d’une croissance qui profite aux plus vulnérables

Parce que la simple redistribution des richesses ne suffit pas à réduire les inégalités, la « croissance inclusive » adopte une perspective à plus long terme. Elle met l’accent sur l’emploi productif afin d’accroître les ressources des plus démunis. Pour atteindre cet objectif, les gouvernements peuvent jouer de plusieurs leviers.

Assurer un large accès à une éducation et à une formation de qualité.
Le potentiel de chaque individu dépend de l’éducation reçue et des compétences acquises. La formation, qu’elle soit initiale ou continue, détermine de plus en plus la « capabilité » de chacun à disposer d’un revenu satisfaisant à une existence décente. L’éducation est, aussi, un facteur de dignité en permettant aux citoyens de participer pleinement à la société grâce à leurs connaissances. Pour cela, les politiques publiques doivent répondre aux besoins des jeunes dès les premières étapes de leur scolarité jusqu’à l’université : il s’agit de leur garantir le meilleur départ possible et de les accompagner tout au long de leur cursus. L’accent doit être mis sur l’amélioration des capacités civiques et culturelles en promouvant l’égalité des chances. Il faut, enfin, se soucier de l’adaptation des savoirs et de l’évolution des compétences requises par les transformations rapides du monde du travail.

Accroître le nombre et la qualité des emplois.
Les réformes politiques doivent viser à procurer des emplois de qualité, sans ignorer les plus âgés et en intégrant des groupes sociodémographiques spécifiques sous-représentés sur le marché du travail, en particulier les jeunes et les femmes. La création d’un plus grand nombre d’emplois nécessite également d’aborder la dualité et la segmentation du marché du travail, y compris informel dans le cas des économies émergentes. • Lutter contre l’insécurité et la segmentation du marché du travail Les gouvernements doivent minimiser le risque que des jeunes — ayant quitté prématurément l’école et qui ne sont ni employés ni en éducation ou en formation — soient laissés en permanence de côté. Les politiques sociales en faveur des familles et des enfants peuvent jouer un rôle clé dans la participation des femmes et contribuer à l’égalité des sexes.

Améliorer l’efficacité des impôts et des transferts sociaux pour réduire les inégalités et la pauvreté.
De nombreux pays ont la possibilité de rendre leurs systèmes d’imposition et de transfert tout à la fois plus équitables et plus fonctionnels. D’une part, en limitant les allégements fiscaux et les indemnités qui profitent de manière disproportionnée aux ménages disposant de revenus élevés. D’autre part, en organisant des transferts sociaux conçus pour protéger les individus et les familles vulnérables et en garantissant un salaire décent aux femmes et aux travailleurs du bas de la pyramide.