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Croissance ou prospérité, une simple question de rhétorique?

À l’occasion des Conversations organisées par Thinkers & Doers et le JDD au Jeu de paume, à Paris, décideurs, entrepreneurs et spécialistes ont débattu mardi des nouvelles manières d’aborder la performance économique.

Rédaction JDD
Nicolas Hazard (Inco), Marie-Laure Djelic (Sciences-Po Paris), Amandine Lepoutre (Thinkers & Doers), Vincent Touboul Flachaire (Goodeed), Bruna Basini (JDD), Lex Paulson (D21), mardi au Jeu de paume à Paris.
Nicolas Hazard (Inco), Marie-Laure Djelic (Sciences-Po Paris), Amandine Lepoutre (Thinkers & Doers), Vincent Touboul Flachaire (Goodeed), Bruna Basini (JDD), Lex Paulson (D21), mardi au Jeu de paume à Paris. © Nicolas Marquès pour le JDD

La course sans fin pour le profit peut-elle durer? À l’aune des enjeux sociaux et écologiques que doit relever notre société, beaucoup considèrent que le capitalisme doit se réinventer. "Il faudrait une révolution", estime même Nicolas Hazard, fondateur d’Inco, une société qui soutient les acteurs d’une "nouvelle économie" plus verte et sociale. "La stratégie adoptée face aux enjeux écologiques et démographiques est celle des petits pas alors qu’il faut courir vite, indiquet-il. Notre modèle nous mène à la catastrophe. Nous devons réfléchir à de nouvelles notions de croissance et de prospérité."

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La notion de "prospérité", qui intègre des critères comme le bien-être ou la protection de l’environnement, semble devenir la référence. "Quand il parlait de croissance, Aristote ne pensait pas à l’économie mais au progrès humain, rappelle Lex Paulson, directeur de projets internationaux chez D21. Ce n’est que depuis la révolution industrielle qu’on a commencé à la chiffrer, souligne ce spécialiste américain des logiques de consultation citoyenne. Les Français devraient pouvoir demander à leur gouvernement quelles sont les valeurs qu’ils veulent que la croissance mesure."

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Une économie "inclusive et durable"

Marie-Laure Djelic, doyenne de l’école du management et de l’innovation de Sciences-Po, co-auteure du Manifeste pour le progrès social, est du même avis. "Notre mesure actuelle de la croissance pose un problème : elle ne prend pas en compte les externalités, elle n’est pas multidimensionnelle, explique-t-elle. C’est comme si pour s’assurer de la bonne santé d’un bébé, on ne faisait que le peser pour être sûr qu’il prend du poids."

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Dans le même temps, les nouvelles générations, notamment, sont en quête de sens dans leur activité professionnelle. La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) gagne du terrain, mais d’aucuns s’interrogent sur la sincérité des projets. "Évidemment, il existe des gens qui font des choses bien, mais globalement, les actionnaires continuent à vouloir une croissance à deux chiffres, soupire Nicolas Hazard. Pour eux, la valeur et le numéraire sont au-dessus de tout." Le fondateur d’Inco appelle donc à un "changement drastique": "Il faut montrer que c’est possible, créer de nouveaux narratifs, des utopies réalisables." Il en veut pour preuve le succès de sa société, qui accompagne plus de 500 entreprises dans le monde entier pour défendre une économie "inclusive et durable".

"C’est le signe que le marché est capable d’accueillir et d’accepter des modèles hybrides", se félicite-t-il. Vincent Touboul Flachaire, fondateur de Goodeed, souligne qu’il faut "aider les entreprises à intégrer cette prise de conscience pour sortir d’une logique de poudre aux yeux."

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"Une entreprise sociale devrait payer moins d’impôts"

C’est un travail de pédagogie qui est à faire. "L’entreprise doit comprendre que c’est dans son intérêt de se transformer. Si ses salariés sont plus heureux, trouvent du sens à leur travail, cela lui profitera. Même logique avec les parties prenantes extérieures", assure Lex Paulson. "On doit passer du modèle de l’homme au service de la croissance à celui d’une prospérité au service de l’homme, poursuit Marie-Laure Djelic. Il faut pour cela réussir à changer les modèles de pensée de nos élus, qui vont ensuite l’inscrire dans la loi."

Parmi les leviers qui s’offrent aux gouvernants, Nicolas Hazard plaide pour une fiscalité adaptée. "Une entreprise sociale devrait payer moins d’impôts qu’une entreprise qui pollue et coûte cher à la collectivité", explique-t-il. Face à l’augmentation des inégalités et les effets du changement climatique, le temps presse. "Il faut multiplier les espaces d’action, avance Marie-Laure Djelic, qui se veut optimiste. Nous sommes parfaitement capables de prendre une nouvelle direction et de changer de modèle. Nous l’avons déjà fait. Mais il faut une pression multidirectionnelle."

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